N'est-ce pas le BTP qui
commande les gouvernements
qu'ils soient de gauche ou
de droite, les mêmes ?!!!
" On a maintenu ce que nos ancêtres
nous ont légué "
Onze familles et quatre fermiers ont décliné les offres
de rachat de leurs terres et de leur maison par
Vinci, refusant de rompre avec leurs racines
Dans l'enceinte du palais de justice de Nantes, quand le juge a annoncé, lundi 25 janvier, qu'ils seraient expulsés de leur maison et de leur terre, les onze familles et les quatre exploitants agricoles se sont regroupés comme les membres d'une grande tribu, loin des journalistes.
Les Fresneau, les Thébault, les Bézeul et les autres sont les opposants" historiques " au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Le délai de deux mois accordé par le juge pour quitter les habitations - à l'exception des terres et les bâtiments agricoles confiscables immédiatement - et l'absence d'astreinte financière que réclamait Vinci, le concessionnaire du futur aéroport, leur laissent un répit.
D'autres habitants - ils seraient 240 - ont cédé à Vinci leurs terrains. Quarante exploitations agricoles étaient concernées, en 2008, par la zone d'aménagement du futur aéroport. Les accords passés entre la préfecture et la chambre d'agriculture ont fixé le tarif de l'indemnisation. Les propriétaires ont touché des sommes allant de 1600 à 2200 euros par hectare. Pour les fermiers, locataires des terres, le montant varie de 2500 euros par hectare au double. " S'ils n'ont que quelques hectares dans la zone, sur l'ensemble des terres utilisées, le niveau d'indemnisation est moindre ", avance Axel Gayraud, chargé du dossier de Notre-Dame-des-Landes à la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique.
Mais indemnisation ne signifie pas départ. " Sur les quarante exploitants concernés , vingt-neuf sont toujours en activité et, pour certains, continuent d'exploiter ces terres avec un contrat précaire signé avec Vinci ", explique encore M. Gayraud. Alphonse Fresneau n'en veut pas à ceux qui ont accepté l'offre de Vinci. " La plupart n'avaient pas le choix, ils étaient contrains ", explique l'agriculteur, 83 ans, qui a toujours vécu ici, aux Domaines, quelques maisons entre Notre-Dame-des-Landes et Vigneux-de-Bretagne. Avant lui, son père, son grand-père et même ses arrière-grands-parents élevaient ici des vaches laitières et des boeufs pour l'attelage. Alphonse n'est pas seulement en colère, il est aussi triste. " On a maintenu ce que nos ancêtres nous ont légué. Est-ce qu'on va pouvoir continuer ? "
Son arrière-neveu, Justin Fresneau, 22 ans, vit dans la petite maison juste derrière chez lui. Depuis son plus jeune âge, il sait qu'il sera paysan. Salarié agricole depuis un an, BTS en économie et gestion agriculture " option lait " en poche, il espère pouvoir s'intaller sur les terres familiales. L'aéroport, l'expulsion ? " On n'est sûr de rien, mais s'ils viennent, ils s'attaqueront à quelque chose de fort ", prévient le jeune homme. Ses parents, Brigitte et Sylvain Fresneau, habitent juste en face et travaillent, avec Bruno Viaud, sur 192 hectares, dont 114 dans la zone d'aménagement de l'aéroport, avec 260 bêtes dont 88 vaches laitières. Figure emblématique de la lutte contre l'aéroport, Sylvain, 54 ans, aux faux airs de José Bové, un copain, croit en la victoire finale. Avec les zadistes, ses voisins, il voit la complémentarité. " On est les racines et ils sont les branches de l'arbre ", résume l'agriculteur.
" Mépris pour les citoyens "
A quelques kilomètres de là, dans le hameau du Liminbout, Sylvie et Marcel Thébault sont arrivés en 1999 avec leurs deux enfants, Pauline et Robin. Mais ils se sont attachés à cet endroit, où ils élèvent 36 vaches laitières, des prim'holstein à la robe noir et blanc et des pie rouge des plaines, marron et blanc. Pour Marcel, l'aéroport est le symbole " de la consommation de terres agricoles, du gâchis de l'argent public et, surtout, des mensonges et du mépris pour les citoyens ".
Joël Bizeul, 53 ans, partage le même avis... et le même sort. Il sait que la perte des terres signifiera la mort de sa petite entreprise agricole à responsabilité limitée (EARL) Les Rochettes, du nom du lieu-dit. Avec sa femme, Marie-Denise, et ses deux enfants, Alexandre et Noémie, ils n'abandonneront pas. " J'ai toujours entendu parler du projet d'aéroport, depuis que j'ai 4 ou 5 ans. J'ai travaillé le dossier et je me suis rendu compte de son absurdité ", raconte-t-il.
Alain Bretesché, 48 ans, lui, n'est pas agriculteur. Il est électricien, dans une filiale d'Engie. Son syndicat, la CGT, a pris position contre le transfert de l'aéroport actuel de Nantes-Atlantique vers Notre-Dame-des-Landes. Il pense aujourd'hui au bien-être de sa fille, Lilou, 13 ans. " Ce n'est pas facile pour elle, à l'âge où on veut être comme les autres, d'habiter dans la ZAD. Mais je ne veux pas lâcher la Rolandière ", confie Alain Bretesché.
R.BX Source : " Le Monde " du Dimanche 31 janvier - Lundi 1er février 2016
Mon avis :
Qui a dit scélératesse et mafia d'Etat ?
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