CPE, J. Chirac, un pas en avant, deux pas en arrière, devise : les ennemis de mes amis sont mes amis, la recette du Chef..

Voici un excellent " commentaire ", extrait du journal " France-Soir " du 1/04/06, intitulé : " Père Ubu ", par Serge Faubert, résumant bien le climat et tendances politiques actuels ressentis par les Français, après les déclarations de M. Jacques Chirac à la télévision, vendredi soir, au journal de 20 h 00

Un pas en avant, deux pas en arrière..

" PÈRE  Ubu "

Par Serge Faubert - p.3

Le son était en décalage avec l'image. Comme le Président avec le pays et les institutions. Voilà que le gardien de ces dernières promulgue une loi, mais demande qu'elle ne soit pas appliquée dans l'immédiat. Les constitutionnalistes ont dû bondir en découvrant cette interprétation proprement délirante de la loi fondamentale de la République. Comment affirmer dans le même mouvement qu'il faut s'incliner devant le vote de l'Assemblée mais ne pas tenir compte de ses décisions ? Et qui plus est enjoindre au Parlement de se dédire à la première occasion.

Ce ne serait pas Chirac, on crierait au factieux. Mais justement, c'est Chirac. Un pas en avant, deux pas en arrière. Et puis s'en va... Toute cette argutie loufoque pour ne pas céder à la rue. Ne pas reculer. Ne pas désavouer Villepin. A croire d'ailleurs que le Premier ministre avait rédigé l'allocution du chef de l' Etat, tant ses propres tics syntaxiques foisonnaient dans la bouche présidentielle. " J'ai entendu les inquiétudes... J'ai mesuré l'impatience... Je comprends le refus de la précarité... " Un vrai sketch des Guignols. Mais si le chef de l'Etat comprend et entend - nous lui ferons grâce des remarques désobligeantes sur son audition.., pourquoi enflammer le pays en s'accrochant à un texte dont il annonce qu'une nouvelle loi le videra pour partie de son contenu ?

Le président de la République prétend dénouer la situation. Il ne fait que mécontenter tous les Français. Les électeurs de droite qui assistaient, navrés, à un énième déboutonnage de leur monarque; les salariés, les syndicats et les jeunes qui verront dans cette pantalonnade élyséenne une offense et un encouragement à persévérer dans la mobilisation. Magnifique tableau. Jusqu'à présent l'équipage Elysée-Matignon allait dans le mur en klaxonnant. Il roule maintenant sur le toit. Il devient urgent d'arrêter la guimbarde.